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Détails du projet "Kamishibaï plurilingue"

Saisi par : Jessica Lamaze (email : lamaze@club-internet.fr)

Les informations susceptibles d'être imprimées dans le livre souvenir du Forum apparaissent en vert.

Porteur du projet présent au forum : Jessica Lamaze
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Description :
Dans le cadre d'une classe de CM1 en section internationale Britannique, j'ai voulu sensibiliser mes élèves à la pluralité des langues en présence dans leurs familles, et les amener, par l'écriture d'un Kamishibaï plurilingue, à réfléchir à leur identité linguistique, et aux passerelles à construire entre nos langues. Grâce à ce projet, auquel les familles ont été associées, il m'a été possible d'introduire des activités d'intercompréhension entre langues Romanes et Anglais, et d'initier mes élèves à des activités métalinguistiques de comparaison de langues, afin qu'ils adoptent un regard analytique sur le Français et l'Anglais, nos deux langues de scolarisation, et réinvestissent des compétences qu'ils ignoraient posséder.

Descriptif en 250 mots maximum :
Je reprends et étoffe:

Après être partie enseigner un an dans une école française internationale à Vancouver, au Canada, j'ai passé en 2013 un master FLE à l'université de Grenoble où j'ai suivi le cours de Mr Degache sur les approches plurielles, dont l'éveil aux langues, et l'intercompréhension entre langues romanes notamment. Ayant obtenu en septembre un poste en section internationale Britannique, j'ai constaté la diversité des langues maternelles en présence dans ma classe, et surtout, l'absence totale de prise en compte, dans un cursus pourtant porté sur l'apprentissage intensif d'une langue étrangère, des profils linguistiques de mes élèves. Ayant vu le concours de création d'un Kamishibaï plurilingue organisé par Dulala, j'ai décidé de participer. Ce cadre me permettait de mener des activités inspirées de la démarche Emile, qui ne figuraient pas dans les programmes. Or, il m'avait été demandé à ma prise de fonction de ne PAS expérimenter dans ma pratique quotidienne, notamment, de ne pas enseigner une autre matière que l'Anglais en Anglais.
Dans le cadre défini du projet, j'ai pu vérifier mes intuitions, et l'implication des enfants comme l'accueil des parents ont légitimé l'expérience, que je souhaite renouveler sous une autre forme cette année. Le support sera différent: nous créerons un parcours historique plurilingue et interactif de notre ville. Les activités de comparaison de langues donneront lieu à des capsules vidéo afin de promouvoir notre approche (pédagogie inversée, faite par les enfants pour les enfants).

Niveau(x) concerné(s) :
Primaire

Nombre d'élèves concerné(s) : 27

Personnes impliquées dans le projet : L'enseignante (moi), le responsable du périscolaire (graphiste), l'association Dulala, les familles.

Etablissement(s)
: Ecole élémentaire Europe Adriatique, Reims

Adresse de l'établissement principal :
13 rue de l'Adriatique, 51100 Reims

Éducation prioritaire ? Non

Objectifs poursuivis :
Ecriture d'un Kamishibaï plurilingue, dans le cadre du concours proposé par l'association Dulala.
Il s'agit d'une tradition Japonaise qui est à la croisée du conte et du théâtre; l'histoire est représentée sur les panneaux placés dans un butaï, sorte de théatre miniature. Le conteur lit le texte qui figure au dos des planches qu'il fait défiler en théâtralisant son récit devant un auditoire. L'image, la parole et le texte se complètent. Notre Kamishibaï a nécessité l'implication des familles, qui ont eu en charge la traduction et l'enseignement des dialogues des personnages, en 14 langues. Le responsable du périscolaire de l'école, Dave, graphiste, nous a aidés à appréhender la correspondance image/texte, les plans, le story board, ce qui a nécessité un important travail de négociation à 27 auteurs.

Historique :
J'ai passé un master FLE à l'université de Grenoble où j'ai suivi le cours de Mr Degache sur l'éveil aux langues, et l'intercompréhension entre langues romanes. Ayant obtenu en septembre un poste en section internationale Britannique, j'ai constaté la diversité en présence dans ma classe, et surtout, l'absence totale de prise en compte, dans un cursus pourtant porté sur l'apprentissage intensif d'une langue étrangère, des profils linguistiques de mes élèves. L'une d'entre eux, en particulier, était en échec alors que trilingue. Elle considérait sa langue maternelle, l'espagnol, comme un handicap et souffrait de sa "différence". J'ai ressenti la même "gène" chez certains enfants qui parlaient l'arabe à la maison. Ayant vu le concours organisé par Dulala, j'ai décidé de participer. Ce cadre me permettait de mener des activités qui ne figuraient pas dans les programmes. Or, il m'avait été demandé de ne PAS expérimenter dans ma pratique quotidienne. De cette façon, j'ai pu vérifier mes intuitions, et l'accueil des parents a légitimé l'expérience.

Description des étapes :
Avant de nous lancer dans l'écriture propre de notre histoire, nous avons tout d'abord essayé de comprendre le fonctionnement de l'outil "kamishibaï". Ce type d'écrit théâtralisé nous était inconnu. A l'aide de notre assistante Indienne, nous avons lu et joué "the bad tempered ladybird", d'Eric Carle, dans le cadre des cours d'Anglais. Cela permettait de travailler certains points du programme d'Anglais, tout en nous offrant une situation à "oraliser" aisée, car c'est un conte "randonnée". Les enfants ont ensuite, en arts visuels, reproduit les scènes sur autant de planches que nécessaire, et ont utilisé des post-it pour appréhender la dissociation texte lu derrière une planche/ image montrée derrière une autre planche. Une fois le concept compris, nous avons réfléchi à notre thème. L'arrivée en cours d'année d'un nouvel élève, que nous avons accueilli, a été notre point de départ. Nous en avons fait notre personnage et nous sommes demandé ce que pourrait ressentir un enfant qui arrive soudain dans une école, dans un pays étranger. L'actualité et la situation des migrants arrivant en France nous a amenés à décider que notre texte devrait être plurilingue. Ainsi est née l'histoire: un enfant nommé Charlie a peur d'aller à l'école. Il marche dans la rue où se côtoient, sur les enseignes des magasins, de multiples langues. Il est accueilli en classe internationale et découvre que tous les enfants ont, comme lui, une histoire particulière. Il ne se sent plus différent. Cette classe (comme la nôtre dans la réalité), décide de partir en voyage en Angleterre. Le voyage se fera en ballon (lien avec Jules Verne). Une tempête sur la manche disperse les équipages qui se retrouvent aux quatre coins du monde. Mais grâce à leur plurilinguisme, tous réussissent à communiquer avec les locaux, et retrouvent leur chemin. La partie graphique a nécessité l'emploi de papier et crayons, mais aussi l'utilisation de technologies. Chaque enfant a apporté en classe des photos de famille et ou des photos des pays d'origine. Ils ont collectivement sélectionné des plans, et ont appris, avec Dave, à respecter une charte graphique commune. Il a fallu s'entraîner à représenter le héros de façon à ce que dans chaque groupe, il ait le même corps et soit reconnaissable. Ensuite il a fallu partir de chaque image, et imaginer un autre point de vue, afin de gérer, pour chaque épisode, une arrivée et un départ, avec un enchaînement. Enfin, il a fallu que chaque enfant apprenne auprès de sa famille à dire son dialogue, à le numériser, et à le rapporter à l'école pour l'enseigner aux autres. Puis, nous avons numérisé les dessins, joué et enregistré le texte, avosn créé un diaporama sonore, et avons projeté notre création lors du "breakfast" annuel, qui est un événement au cours duquel chaque année, les classes de la section, du CE2 à la terminale, présentent un spectacle. enfin, nous avons envoyé notre Kamishibaï papier à Dulala pour le concours. En fin d'année, lors du visionnage de notre film de voyage avec les parents, nous avons "joué" notre Kamishibaï en "live" en en 14 langues.

Soutiens et supports :
Papier/crayon, photos numériques, utilisation de mon ipad pour réaliser le diaporama et enregistrer les voix.

Obstacles :
suspicion d'une partie de mon équipe par rapport à l'utilisation d'autres langues, au temps consacré à ce projet, à la pertinence de la comparaison de langues qui est une approche incomprise. Une NT2 a souhaité consacrer son mémoire à ce travail et à l'utilisation que je fais de l'anglais en histoire par ailleurs (DNL, dans le cadre de la préparation de notre voyage à Canterbury), il lui a été demandé de modifier son sujet pour qu'il soit en conformité avec les IO alors en vigueur. J'ai eu à répondre de mes pratiques devant mon IEN.

Bilan de l'action :
Très positif. Accueil très enthousiaste des familles, et des parents de toute la section comme de mes collègues du secondaire, lors de la projection du breakfast.
Liens très particuliers noués avec ma classe, moments très forts partagés.
Impact mesurable sur les apprentissages: les enfants ont très souvent soulevé les ressemblances entre les langues, ont par exemple adopté une attitude métalinguistique par rapport au genre et au nombre, par rapport aux racines latines ou grecques présentes aussi bien an Français qu'en Anglais. J'ai bénéficié de l'acceuil bienveillant d'un de mes parents d'élèves, Mr Francis Goullier, inspecteur général, et cela a sans doute aidé à ce que je ne sois plus "intimidée" et puisse expérimenter. Cela a agi comme une...garantie. J'ai ensuite pu utiliser en classe quelques activités issues d'Euromania.

Bilan général en 60 mots maximum :
Très positif. Des liens très particuliers ont été noués avec ma classe, des moments très forts ont été partagés avec leurs familles.
L'impact sur les apprentissages a été mesurable: les enfants ont très souvent soulevé les ressemblances entre les langues, ont par exemple adopté une attitude métalinguistique, que nous avons réinvestie lors d'activités issues d'Euromania.

Personnes susceptibles de témoigner (à quel titre) :
Francis Goullier, parent d'élève, Inspecteur Général, présent lors du breakfast, lors de la cérémonie de clôture du concours Dulala à Paris, et soutien de la démarche.

Collectivités, associations ou mouvements :
Dulala

Ce qui est transposable :
Le fait de considérer la diversité des identités linguistiques des enfants, de ne pas la considérer comme un obstacle à la maîtrise du Français mais au contraire, de s'en servir pour avoir un regard métalinguistique qui favorise, en retour, l'apprentissage du Français comme d'une autre langue.

Motivations pour participer au forum :
Promouvoir l'éveil aux langues, démontrer que c'est une entrée pertinente, et qu'il n'est pas nécessaire de maîtriser les langues des enfants pour en faire un substrat. Promouvoir les DNL (disciplines non linguistiques): on n'apprend pas de la même façon quand on apprend dans une autre langue, les bénéfices sont connus et pourtant, ces approches n'ont guère cours que dans les écoles Françaises à l'étranger.

Statut : Validé